Ces quelques notes... Cette musique... Il est loin, le temps des étreintes, le temps qui courait sans jamais sembler vouloir fléchir, rythmé par ces envolées, suivant la trajectoire de cette mélodie cyclique. Il est loin, ce temps béni qui n'avait pour but que de voir au loin, d'espérer, de croire et d'aimer.
Ce soir, et comme depuis dix mois déjà, écouter ce morceau n'a plus la même signification. S'y mêlent le chagrin, l'enfermement, la haine et l'incompréhension, armés de cette délivrance qui paraît ne jamais vouloir éclore, effleurant d'un doigt triste le chant de l'espérance inaccessible. Le temps de la course est révolu, les larmes ont cessé et l'hiver approche de nouveau, sans savoir que son cortège de froid et de grisaille n'a pas de prise sur moi tant sa signification est hélas plus profonde que la banale matérialité qu'il altère, renvoyant sans cesse son image de glace aux yeux des âmes torturées.
Convoiter la renaissance est sans but, sans fin. L'altérité est passée par là, et j'y ai laissé mon sourire. Car celui qui se dessine sur mon visage aujourd'hui n'est plus qu'un vague souvenir d'une époque effacée, si proche et si lointaine déjà. Ce sourire que je porte n'est qu'une imposture, si invraisemblable que cela puisse paraître, en regard de celui que j'avais pour Elle.
J'écoute les notes s'égrener, lancinantes, transperçantes. J'écoute et je vois la musique, je la ressens au plus profond de mon être, mutilant mon bonheur passé, lacérant mes souvenirs sans aucune pitié. J'écoute et je touche la mélodie, je la reproduis dans le vide avec mes mains, ces mains qui ont vu tant de choses et qui aujourd'hui sont privées des courbes qu'elles connaissaient si bien.
Je regarde ce lampadaire clignoter. Je sais pourquoi il existe dans ce décor, dans le décor de mon esprit ravagé. Il est si terne, si froid, si vide de sens, et pourtant sa lumière veut se battre pour exister, n'éclairant que trop rarement un monde aussi indifférent qu'Elle pouvait l'être.
J'ai cessé de me battre... non... je me bats encore. Je ne sais plus vraiment quelle direction choisir, quelle larme verser. J'ai cessé de croire, je croyais pourtant, je crois sans doute encore, je ne sais plus qui croire. Tant de journées passées à ressasser les événements dans mon esprit, tant de doutes frappés du sceau de l'inutilité chronique, tout comme de la régression incontrôlée.
Il est temps de marcher vers un nouveau décor, celui qui soufflera le vent du renouveau, effaçant cette torpeur indicible. Mais aujourd'hui je ne sais plus si j'ai le courage d'y aller. Ce décor, finalement, porte en ses gènes l'assurance d'un monde instable, faux, malhonnête. Univers mis en scène... Quelle grotesque mise en abyme, quel paradoxe pour moi.
La musique s'est arrêtée... Mon coeur aussi, un jour de janvier. Puisse-t-il à nouveau se réveiller, et cesser de jouer ce jeu de dupes, cette comédie qui ne trompe plus le corps dans lequel il est enfermé.
Tu me manques, Marie.
Ce soir, et comme depuis dix mois déjà, écouter ce morceau n'a plus la même signification. S'y mêlent le chagrin, l'enfermement, la haine et l'incompréhension, armés de cette délivrance qui paraît ne jamais vouloir éclore, effleurant d'un doigt triste le chant de l'espérance inaccessible. Le temps de la course est révolu, les larmes ont cessé et l'hiver approche de nouveau, sans savoir que son cortège de froid et de grisaille n'a pas de prise sur moi tant sa signification est hélas plus profonde que la banale matérialité qu'il altère, renvoyant sans cesse son image de glace aux yeux des âmes torturées.
Convoiter la renaissance est sans but, sans fin. L'altérité est passée par là, et j'y ai laissé mon sourire. Car celui qui se dessine sur mon visage aujourd'hui n'est plus qu'un vague souvenir d'une époque effacée, si proche et si lointaine déjà. Ce sourire que je porte n'est qu'une imposture, si invraisemblable que cela puisse paraître, en regard de celui que j'avais pour Elle.
J'écoute les notes s'égrener, lancinantes, transperçantes. J'écoute et je vois la musique, je la ressens au plus profond de mon être, mutilant mon bonheur passé, lacérant mes souvenirs sans aucune pitié. J'écoute et je touche la mélodie, je la reproduis dans le vide avec mes mains, ces mains qui ont vu tant de choses et qui aujourd'hui sont privées des courbes qu'elles connaissaient si bien.
Je regarde ce lampadaire clignoter. Je sais pourquoi il existe dans ce décor, dans le décor de mon esprit ravagé. Il est si terne, si froid, si vide de sens, et pourtant sa lumière veut se battre pour exister, n'éclairant que trop rarement un monde aussi indifférent qu'Elle pouvait l'être.
J'ai cessé de me battre... non... je me bats encore. Je ne sais plus vraiment quelle direction choisir, quelle larme verser. J'ai cessé de croire, je croyais pourtant, je crois sans doute encore, je ne sais plus qui croire. Tant de journées passées à ressasser les événements dans mon esprit, tant de doutes frappés du sceau de l'inutilité chronique, tout comme de la régression incontrôlée.
Il est temps de marcher vers un nouveau décor, celui qui soufflera le vent du renouveau, effaçant cette torpeur indicible. Mais aujourd'hui je ne sais plus si j'ai le courage d'y aller. Ce décor, finalement, porte en ses gènes l'assurance d'un monde instable, faux, malhonnête. Univers mis en scène... Quelle grotesque mise en abyme, quel paradoxe pour moi.
La musique s'est arrêtée... Mon coeur aussi, un jour de janvier. Puisse-t-il à nouveau se réveiller, et cesser de jouer ce jeu de dupes, cette comédie qui ne trompe plus le corps dans lequel il est enfermé.
Tu me manques, Marie.