Tiens, ça faisait longtemps que j'avais pas posté une chronique d'album... Aujourd'hui, c'est le dernier opus de Pendulum, intitulé In Silico, qui sera décortiqué pour vos petites oreilles délicates.
Attention, précautions à prendre d’emblée pour les métalleux intégristes, Pendulum reste un groupe à forte consonance électronique, c’est du Drum’n Bass mâtiné de rock/métal… Je dis ça pour la simple et bonne raison que j'ai vu Pendulum qualifié de groupe de "Doom Metal", sur le site où j'ai posté cette chronique que je ne fais donc qu'extraire.

Bref, ces considérations de genre mises à part, attaquons-nous à cet opus qui, je le pense franchement, vaut le détour. C’est une sacrée claque aux oreilles de ceux qui pensent que le métal est un genre destiné à rester enfermé indéfiniment. Pendulum dépoussière et renouvelle le genre, bienvenue dans le Métal’n Bass (passez moi le néologisme foireux…) !
Les trois anglais (anciennement australiens) n’en sont pas à leur coup d’essai : In Silico arrive après le bien né Hold Your Color, déjà très intéressant, ainsi que deux opus plus ou moins live, intéressants mais différents, et un paquet de gros remixs fantastiques (comme Bacteria ou Voodoo People, Prodigy inside). Et c’est franchement un joli coup, même si l’album est un peu court. Enfin, 10 morceaux qui dépassent presque tous les 5 minutes, avec 4 morceaux à près ou plus de 6 minutes, on ne se fait pas avoir pour autant. D’ailleurs, on attaque très sec avec “Show Down”, qui tape fort et définit assez clairement le style du disque. Un beat électronique rapide et très simple, une basse peu présente, des nappes et des synthés surpuissants et un riff qui enrobe le tout. Ajoutez à ce mix étonnant un chant très propre et accrocheur, et vous avez un titre qui cartonne et qui ouvre de bien belle manière le disque.
Mais Pendulum, ce n’est pas que ça… C’est aussi, sur “Midnight Runner” ou “9,000 miles”, un tempo nettement plus lourd avec une rythmique un peu plus travaillée (bien obligé), et des sonorités planantes, à la limite de l’atmosphérique. Le chant s’efface sur ces deux titres pour laisser la place à la musique… Et c’est d’ailleurs ce qui pourra rebuter l’auditeur impatient. En effet, et comme je l’ai dit en introduction, ça reste de l’électro / drum’n bass / breakbeat, et c’est donc parfois répétitif comme il faut.
Des morceaux comme “Different”, “Visions” ou encore “Granite” respectent ce schéma de boucles, sans être toutefois dénués d’intérêt. Bon, j’avoue, faut aimer ce genre, mais personnellement j’adore donc je n’en dirais pas trop de mal non plus…
Deux autres titres sont assez intéressants : “The Other Side” et “Mutiny” utilisent un gros riff de gratte calqué sur une rythmique électro. Mention spéciale au premier des deux, un peu plus lent, un peu plus classique dans sa construction, avec un chant vocodé qui rend très bien et un refrain facile à retenir et à fredonner.
Et pour finir, on relève quelques bombes absolument incontournables sur la galette. Je m’arrête sur deux d’entre elles : commençons par “Propane Nightmares”, présenté comme le titre phare de l’album. Il faut dire qu’il a atteint la 9ème place des charts anglais, et qu’il l’est longtemps resté : pour un groupe confidentiel avec un son si particulier, c’est quand même une sacrée performance. Amateurs de guitares, passez votre chemin : c’est un titre entièrement basé sur l'électronique, le riff de gratte n'étant qu'un simple doublage du thème synthétisé. En revanche, il est construit de manière assez conventionnelle, exit donc le son répétitif et bienvenue au chant qui tache.
Le deuxième intéressera nettement plus de monde ici : c’est du métal quasiment d’un bout à l’autre. Une introduction planante et légère laisse apprécier la tessiture vocale exceptionnelle du chanteur, et cette montée en puissance qui dure environ 1mn30 sonne très Tool dans ses harmonies. Puis vient tout d’un coup la tempête… et ça tombe bien, puisque le morceau s’appelle “The Tempest”, et qu’il clôture la galette. Ca tape, ça crache, ça salit les murs, et le riff bien que très minimaliste accroche de suite l’oreille. Le chant reprend un octave au dessus… oui, ça sonne toujours Tool, mais avec une empreinte bien particulière et très personnelle. Et après un break très sec, le final arrive comme un déluge métal électronique, où le chant a laissé la place au duo synthé/guitare, qui tabasse l’auditeur jusqu’à la fin du morceau… Pour ne rien gâcher, le timbre de voix de Rob Swire rappelle furieusement celui de Maynard James Keenan sur 10,000 Days, mais là encore avec une empreinte personnelle. Difficile de naviguer entre la similitude et le son bien à soi, mais Pendulum y parvient ici selon moi.
Bon… Que retenir de ce disque si particulier ? C’est un ovni dans la scène du métal autant que dans la scène drum’n bass : ni franchement l’un, ni franchement l’autre, même si l’électronique prend plus de place que l’électrique. Curiosité, album à part, qualifiez-le comme vous voulez, mais un conseil : écoutez-le pour vous en faire une idée. On aime ou on n’aime pas, c’est clair, mais il ne faut pas y aller à reculons, plutôt avec un esprit assez ouvert. C’est peut-être l’occasion de mettre un pied dans la musique électronique, qui tout d’un coup paraît très proche de la musique métallique !